Résumé

Ce texte tente de combler un manque concernant le financement des explorations de Livingstone en Afrique entre 1849 et 1873. Si l’histoire de ce missionnaire est presque mythique, on ignore souvent qu’il a auto-financé ses premières explorations. Ce n’est qu’à partir de 1858 que les Britanniques seront conquis et lui accorderont des subventions. Mais vient par la suite le temps d’un désintérêt pour ses expéditions plutôt hasardeuses. Oublié de ses mécènes, Livingstone restera néanmoins dans la mémoire collective.

Abstract

Financing Livingstone. This paper addresses a gap in our knowledge regarding the funding of Livingstone’s African explorations between 1849 and 1873. Although the story of this missionary has become mythical, it is less known that he financed his first explorations from his own pocket. It was not until 1858 that the British were taken with enthusiasm and granted him funding. This was followed by a period of disinterest for his rather hazardous expeditions and his patrons deserted him. Still, Livingstone has remained alive in the collective memory.

Sommaire

Table des matières

David Livingstone.
illustration tirée de Christel Mouchard, 1999. Le dernier journal de David Livingstone. 1866 - 1873. Paris, Arléa, p.22.

Au XVIIIe siècle, les Européens, qui se sont longtemps contentés d’aborder l’Afrique par son littoral, s’engagent à l’intérieur du continent, poussés par un vaste mouvement de curiosité scientifique né de l’esprit des Lumières. L’Afrique les fascine et les attire. Avides de nouvelles connaissances, ils s’aventurent dans des terres inconnues avec pour objectifs de compléter la carte d’un immense continent, de combler les vides géographiques et de trouver au centre de l’Afrique la mer intérieure d’où, pensait-on, le Nil tirait ses eaux (Novaresion, 1996 : 232).

Les premiers explorateurs en terre africaine

Le premier voyageur à lever un des nombreux mystères de l’intérieur du continent est James Bruce [1730-1794] qui, en 1768, s’approche des sources du Nil abyssin. Puis en 1795, Mungo Park [1771-1806], soutenu par l’African Association créée pour la promotion du voyage et de la découverte en Afrique, découvre la vallée du Niger. Trois ans plus tard, la dimension scientifique de l’expédition d’Egypte de Bonaparte s’inscrit dans ce mouvement initié outre-Manche. En 1823, Dixon Denham [1786-1828] et Hugh Clapperton [1788-1827], bénéficiant d’une recommandation officielle du gouvernement britannique, s’aventurent au cœur de l’Afrique en traversant le Sahara. Toutefois, Tombouctou ne sera rallié qu’en 1828 par le Français René Caillié [1799-1838]. La volonté de s’enfoncer dans l’Afrique intérieure est surtout associée aux expéditions du célèbre missionnaire David Livingstone [1813-1873] (Jeal, 1983 ; Mackensie, 1993). Il est d’autant plus une figure légendaire que Henry Morton Stanley, journaliste au New York Herald parti à sa recherche, a immortalisé leur rencontre en Afrique Equatoriale par ces mots : « Docteur Livingstone, je suppose ? » [1] (1876).

Né en Ecosse d’un père vendeur de thé ambulant, dans une famille modeste de cinq enfants, Livingstone travaille dès l’âge de dix ans dans une filature où il est d’abord chargé de se glisser entre les machines pour ramasser les fils de textile. Il s’instruit en suivant des cours du soir, notamment de latin, instruction qu’il complète par de riches lectures personnelles et qui l’amène jusqu’à l’université de Glasgow puis de Londres. Il y étudie simultanément la théologie et la médecine, dont il acquiert les bases en deux ans. En 1840 il reçoit l’ordination sacerdotale avec l’intention de devenir missionnaire de la London Missionary Society. Il espère se rendre en Chine, mais la Guerre de l’opium, de 1839 à 1842, bouleverse ses projets. C’est alors qu’il rencontre Robert Moffat, un compatriote et missionnaire qui le décide à partir dans un pays qui deviendra l’Afrique du Sud. Il fait également connaissance de la fille de celui-ci, Mary, qu’il retrouvera en 1841 à la mission de Kourouman et qu’il épousera en 1844. Le jeune couple s’établit auprès des parents de Mary, puis fonde plusieurs missions, détruites au cours des guerres opposant Zoulous, Boers et Britanniques. Les Livingstone s’installent finalement à Kolobeng, territoire plus éloigné de la zone de conflit et situé plus profondément à l’intérieur des terres. De là, Livingstone commence sa carrière d’explorateur en 1849, nouant des rapports amicaux avec les indigènes et en particulier avec les Makololos dont il étudie les mœurs, les coutumes et les langues. Il se rend par la suite au sud de la Zambie et en Afrique centrale, traversant le Zambèze et une partie du Congo pour atteindre Luanda en Angola sur la côte atlantique de l’Afrique. Il découvre entre autres les chutes Victoria.

L’histoire presque mythique, de ce missionnaire - médecin est souvent présentée comme un récit de voyageur, de philanthrope (Mouchard, 1999 : 9), de rescapé (Buffet, 2005 : 11-12), ou encore de scientifique (Nouschi, 2008 : 38). Mais la dimension économique de ses expéditions n’est pas relevée dans les travaux sur Livingstone. Une étude récente d’Antoine Mioche (2009) rapproche Livingstone de Charles Lavigerie, autre homme d’église anti-esclavagiste, mais ne développe pas l’aspect financier des explorations du Britannique. L’ambition de cet article est de s’intéresser aux « conditions pratiques qui président aux activités » (Meillassoux, 2001 : 173). Il importe donc d’évaluer le financement des explorations Livingstone.

Ce thème est novateur dans la mesure où l’explorateur lui-même ne réserve aucun chapitre à cet aspect dans son Missionnary Travels in South Africa (1857) ou dans son Zambesi and its Tributaries (1865). Seules quelques informations sont disséminées au gré de son récit de vie. Resituer l’histoire emblématique de Livingstone dans le cadre du financement de ses expéditions, c’est donner aussi un nouvel éclairage à l’histoire coloniale britannique. Alors que la conquête des territoires fera rage au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, il est à noter que la figure de Livingstone ne prendra pas tout de suite toute son épaisseur.

On peut découper en trois grandes périodes, 1849-1856, 1858-1864 et 1866-1873, les expéditions de Livingstone. Toutes ne sont pas financées par les mêmes cercles. Ces financements se distinguent essentiellement par leur origine qui peut être d’ordre privé ou public.

Premières explorations autofinancées

Les voyages de Livingstone en Afrique.
illustration tirée de Ian Cameron, 1991. Explorers and Explorations. London, Biscon Group, p.120.

Lors de ses premiers voyages au cœur de l’Afrique, qui le conduisent à traverser d’est en ouest le continent, Livingstone ne voyage pas pour le compte des autorités britanniques. Il ne s’assure pas de l’aide de ses compatriotes. Il fait partie de ces religieux qui « pour gagner à Dieu de nouvelles âmes (...) sont amenés parfois à s’avancer sur des terres inconnues » (Loiseaux, Duclos, 2005 : 54). Il autofinance ses expéditions sur son salaire de missionnaire de la London Missionary Society. Livingstone n’annonce pas précisément pour autant le montant de son salaire, mais à titre indicatif, on peut relever celui de son beau-père.

« A ce moment là, les missions ne faisaient que commencer. Les gens n’en connaissaient pas grand chose et à l’époque certains sages pensaient que "tout homme qui pouvait lire une bible et construire une brouette était apte à être missionnaire". M. Moffat est parti, alors que ces principes avaient cours, et son salaire s’élevait à la somme considérable de 25 £ par an. » (Proceedings, 1857-58 : 78) [2].

Aussi, c’est probablement avec un peu plus de 2 £ par mois, reçue dans la devise universelle du siècle et monnayable partout en Afrique, que Livingstone pensait découvrir les sources du Nil, s’assurer des régimes hydrologiques et parfaire ainsi l’image naissante de l’Empire britannique. Il part sans savoir qu’il bénéficiera par la suite des libéralités de la reine Victoria. Emue par les premiers récits qui lui sont rapportés sur cet intrépide sujet, elle décide, en 1850, de lui offrir 20 £ pour son voyage au lac Ngami (Cameron, 1980 : 103).

Amis, relations, voyageurs, marins, personnalités de renom, diplomates, fonctionnaires, membres du gouvernement, du Parlement et de la Royal Geographical Society, tous s’accordent aussi jusqu’en 1870 pour soutenir l’homme qui explore les territoires lointains. Ils pensent aux terres au cœur du continent africain et plusieurs indices en attestent. Par exemple, à la fin des années 1840,

« Les règles de permission dans l’armée des Indes limitaient les congés des officiers au Cap. Appréciant la salubrité des lieux, beaucoup y convergeaient attirés l’abondance du gibier. De nombreux sportifs et voyageurs venaient demander conseil à Livingstone. Plusieurs correspondants de la Royal Geographical Society faisaient aussi route vers le pays où il se trouvait. Ainsi, des amitiés sont nées, qui ne se terminèrent qu’avec sa mort, lui offrant une aide généreuse et une ouverture vers de plus larges perspectives. » (Proceedings, 1873-74 : 501) [3].

Parmi ces officiers de marine, ces voyageurs et ces sportifs de passage en Afrique qui s’entretiennent avec Livingstone, se trouve William Cotton Oswell (Proceedings, 1873-74 : 503). Gentilhomme, avide de chasse et de découvertes, il devient un compagnon d’exploration très précieux, prêt à aider Livingstone dans sa mission évangélisatrice quitte à frapper avec une corne de rhinocéros les indigènes pour « les rendre tous croyant » [4] (Livingstone, [1857] 2001 : 22) en la parole de Dieu.

En 1849, la Royal Geographical Society décide également de montrer un intérêt pour les expéditions de Livingstone et lui décerne, par l’intermédiaire de l’Amiral Smyth (Markham, 1881 : 72), une montre chronomètre (Proceedings, 1873-74 : 503). Puis, c’est l’Astronome Royal de la ville du Cape, Thomas Maclear qui, au début des années 1850, s’intéresse aux entreprises de l’explorateur et lui propose d’examiner, voire de corriger les relevés géographiques des positions qu’il voudra bien lui faire parvenir (Livingstone, [1857] 2001 : 108). L’autre personnage officiel, et non des moindres, qui suit avec attention l’avancée de Livingstone en Afrique, est Edmund Gabrielle. Ce Commissaire de Sa Majesté, chargé de mettre fin au commerce des esclaves, en poste en 1854 dans la possession portugaise de Saint-Paul de Luanda, sur la côte ouest en Angola, « a reçu très généreusement [Livingstone] et [ses] vingt-sept compagnons dans sa demeure » [5] (The Journal, 1855 : 228). Cet accueil officiel montre que la Grande-Bretagne ne s’intéresse pas qu’à l’homme blanc qui a réussi l’exploit de relier la ville du Cape à celle de Luanda, mais aussi aux Africains dont près de deux millions sont arrachés du continent entre 1810 et 1870 (Zeldin, 2008 : 164). Depuis l’affaire James Somerset, esclave ramené de Virginie, libéré en 1772 à la suite d’un procès constatant l’absence de loi autorisant l’esclavage sur le sol britannique, et la publication en 1789 des mémoires de Olaudah Equiano, racontant les conditions de sa vie d’esclave, les idées abolitionnistes progressent dans tout le pays (Zeldin, 2008 : 163). Le gouvernement britannique et notamment les philanthropes se veulent les premiers, depuis le Congrès de Vienne abolissant la traite des Noirs en 1815, à se lancer dans une campagne mondiale contre l’esclavage.

« Jusqu’au début du XIXe siècle, les Européens ne s’intéressaient à l’Afrique que pour le trafic d’esclaves ; quelques comptoirs commerciaux suffisaient pour échanger ceux-ci contre des produits manufacturés. La suppression de la traite et l’interdiction de l’esclavage modifient de façon radicale les rapports entre l’Europe et l’Afrique. Cette dernière devient l’étape obligée sur la route des Indes et de l’Extrême-Orient, pays avec lesquels le commerce est florissant. Il est alors impératif de commencer l’exploration systématique du continent africain, trop longtemps délaissé. » (Zeldin, 2008 : 308).

Lorsque Livingstone trouve auprès de Son Excellence l’évêque d’Angola, officiant comme gouverneur de la province, beaucoup de gentillesse et une « très grande hospitalité » [6] (The Journal, 1855 : 229), c’est aussi un signe du rapport conquérant de l’Angleterre sur des territoires lointains qui est donné.

L’intérêt que suscitent les explorations de Livingstone apparaît également auprès des autorités maritimes. Le commandant de vaisseau James P. M’Clune, alors au mouillage sur la côte est de l’Afrique, reçoit ainsi l’ordre de quitter le port de Mozambique pour se rendre plus au sud à Quelimane afin « d’apporter au révérend docteur Livingstone toute l’aide dont il aurait besoin » [7] (Proceedings, 1855-57 : 57). Cette aide est relayée par le gouverneur de la province portugaise de Quelimane, qui se réjouit de tout mettre en œuvre pour « assurer le confort du docteur Livingstone et son arrivée à bon port sur la côte » [8] (Proceedings, 1855-57 : 57) avant son retour à Londres.

Au terme de cette première série d’explorations, la Royal Geographical Society n’hésite pas à déclarer le 23 juin 1856 que « aucun voyageur n’a autant fait pour la géographie africaine que Livingstone et il faut espérer que l’Angleterre ne le laissera pas sans récompense. » [9] (Proceedings, 1855-57 : 92). Autrement dit, les savants ayant accrédité les découvertes de Livingstone, il mérite de recevoir des subventions pour poursuivre dans de bonnes conditions matérielles ses explorations.

Certificat de parrainage de Livingstone à La Royal Geographical Society.
Source : The R.G.S., Diploma of the Society as Corresponding Member presented to Dr D. Livingstone.

Explorations subventionnées aux environs du Zambèze

L’appel des savants de la Royal Geographical Society est entendu et soulève l’enthousiasme du monde entier. Le financement de la deuxième série d’explorations qui va amener Livingstone à descendre le Zambèze, ne puise plus dans ses fonds personnels. L’explorateur reçoit une somme d’argent conséquente. La Royal Geographical Society, qui s’est donné pour objectif de préparer la découverte de terres ou de ressources naturelles, reconnaît en Livingstone un membre correspondant (Proceedings, 1857 : 41), le qualifie « d’explorateur le plus apprécié de la Société » [10] (Cameron, 1980 : 103) et lui octroie la somme de 500 £ (The R.G.S., 1991 : 127). Mais le mécène le plus généreux est un industriel de la paraffine, James Young, qui lui fait un don de 1000 £ attestant ainsi classiquement, par cette action bienveillante, de sa réussite sociale. Quant aux autorités britanniques, elles ne sont pas en reste. Elles s’expriment par la voix du député Baxter qui en 1857

« aurait bien aimé que son excellent ami [le docteur Livingstone] fût présent pour écouter les nombreuses acclamations générales qui ont ponctué en décembre dernier le projet du Ministre des Finances d’avancer une somme d’argent en vue d’une nouvelle expédition. De leur côté, le gouvernement et la Chambre des communes ont seulement fait leur devoir et ce que le pays exigeait d’eux. Le ministre espérait montrer par une subvention de 5000 £ le sérieux et l’avant-goût de ce que cette nation pourrait encore apporter à la découverte et la colonisation de l’Afrique. » (Proceedings, 1857-58 : 131) [11].

Au total, sur une période de six ans, 6500 £ sont allouées à Livingstone, mais 6000 seront perdues au fond du Zambèze lors de sa descente du fleuve en bateau (Proceedings, 1873-74 : 279).

Le retour à Londres de Livingstone, passage obligé pour préparer son expédition “Zambienne”, donne aussi lieu à d’importantes déclarations officielles, attestant de l’intérêt politique et économique accordé aux entreprises de l’explorateur. Ainsi, le 23 mars 1857, le président de la Royal Geographical Society annonce que le gouvernement du Portugal a ordonné à la province du Mozambique d’assurer financièrement le rapatriement sur la côte des corps des regrettés « compagnons » [12] africains décédés au cours de la première série d’explorations de Livingstone, lequel pourra les réclamer sur place (Proceedings, 1873-74 : 320). L’autre intervention d’envergure émane encore de la Royal Geographical Society. Le 14 décembre 1857, le Président de séance tient les propos suivants :

« Je tiens à exprimer ma profonde satisfaction à l’annonce faite par le Ministre des Finances à la Chambre des Communes, déclarant que le Gouvernement de Sa Majesté a décidé de rendre justice au Dr Livingstone en lui apportant une aide convenable afin qu’il puisse poursuivre ses recherches en Afrique et surmonter les difficultés qui ont empêché tant de voyageurs jusqu’ici de pénétrer à l’intérieur du continent. Je peux également assurer que le Gouvernement a donné des instructions les plus claires à notre représentant au Portugal afin qu’il aide le docteur Livingstone par tous les moyens en son pouvoir, et qu’il formule une demande identique auprès du gouvernement portugais. Il ne me reste plus qu’à nourrir l’espoir que le gouvernement nommera deux ou trois hommes de science pour accompagner et aider le Dr Livingstone dans son enquête sur l’histoire naturelle et les ressources de ce pays » (Proceedings, 1857-58 : 77) [13].

Le 13 février 1858, l’évêque d’Oxford s’engage aussi envers Livingstone et invite l’explorateur à la manifestation d’adieu organisée en son honneur par la Royal Geographical Society, soirée où se rendent pas moins de 350 convives (Proceedings, 1857-58 : 116-141).

Les faveurs du public sont d’autant plus au rendez-vous ce jour-là que cette réunion d’adieu donne l’occasion à Sir Roderick Murchison, président du dîner - débat, de se réjouir de la vente des 30000 exemplaires du livre de Livingstone Missionary Travels (1857). Ce succès littéraire devrait, selon Sir Roderick Murchison, assurer à Livingstone son indépendance et garantir l’avenir de sa femme et de ses enfants (Proceedings, 1857-58 : 123). A ces gains s’ajoutent d’ailleurs les bénéfices provenant de la vente de 15000 copies supplémentaires dans une édition bon marché.

Affiche publicitaire du premier livre de David Livingstone.
illustration tirée de Antony Mason, 1994. Atlas des explorations, Bruxelles, Casterman, p. 52.

Ce dîner d’adieu donne aussi l’occasion à Sir Roderick Murchison de féliciter Lord Clarendon, membre du gouvernement, pour le sérieux qu’il a mis dans le travail de promotion de l’expédition « Zambienne ». En retour, ce dernier se réjouit d’avoir « conseillé à Sa Majesté de verser à notre ami des appointements qui lui seront très utiles. » [14] (Proceedings, 1857-58 : 128).

En définitive, l’objectif affiché de cette rencontre est double : d’une part donner l’occasion à Livingstone de solliciter personnellement l’aide de ses compatriotes et d’autre part permettre au gouvernement d’approuver concrètement les entreprises de l’explorateur en lui remettant des fonds et le matériel nécessaire pour son voyage (Proceedings, 1873-74 : 507).

Si, à ce moment de l’histoire, la pertinence des découvertes de Livingstone en Afrique ne fait aucun doute, la passion des Britanniques pour la conquête du continent africain, est modérée. D’un côté, Lord Clarendon affirme le principe « de ne perdre aucune occasion d’élever la position du pauvre Africain et de le rendre producteur de denrées dont la Grande-Bretagne a besoin. » [15] (Proceedings, 1857-58 : 128). De l’autre, des parlementaires ne sont pas convaincus de l’utilité économique de la conquête.

« Au début du siècle, l’idéologie du libre-échange n’était guère favorable à l’acquisition ou même à la conservation des colonies, car elles semblaient coûter bien plus qu’elles ne rapportaient, en termes purement économiques. Leur intérêt stratégique, le rôle qu’elles pouvaient jouer pour le prestige du pays, le rayonnement de sa culture et de ses traditions, n’étaient aucunement pris en compte comme ils le furent à la fin du siècle. Dans les années 1830, Sir Henry Parnell (1772-1842), écrivant sur la question, est formel : il vaut mieux investir en Grande-Bretagne. » (Jumeau, 2001 : 191).

Le triomphe de cette politique qui a fait de la Grande-Bretagne « l’atelier du monde » (Marx, Moindrot 2000 : 24), prépare le pays à un « décollage » économique (Rostow, 1963). Aussi, le petit groupe réuni autour de Lord Clarendon, comprenant notamment le Duc d’Argyll, Lord Palmerston et d’autres membres du gouvernement, se défend et atteste en toute sincérité que « la raison majeure qui [les] a amené (...) à soutenir l’entreprise de M. Livingstone réside dans l’espoir que cela pourrait servir à promouvoir la civilisation et le bien-être de la population africaine » [16] (Proceedings, 1857-58 : 130). Autrement dit, soutenir et financer les expéditions de Livingstone est, selon eux, une mission civilisatrice qui n’est ni commerciale, ni annexionniste.

Désintérêt des explorations

Lorsque Livingstone se met en quête d’un nouveau financement pour sa troisième série d’explorations, il trouve beaucoup moins d’écho que précédemment. La pertinence de la mission civilisatrice de l’explorateur, toujours à la recherche de la source du Nil, est sérieusement remise en cause. En effet, Lord Russel, membre du Parlement, annonce à Livingstone, en 1870, que 500 £ par an lui seront accordées à condition qu’il « s’installe n’importe où. [Sa] position (...) étant considérée comme plus ou moins anormale, n’étant pas sédentaire. » [17] (Proceedings, 1857-58 : 130).

Livingstone voyageant.
illustration tirée de Kindisher (ed.), 2002. British History : The Victorian Age 1837-1914. London, Kingfisher Publication Plc, p. 16.

Cependant les généreux donateurs de la première heure maintiennent le montant de leur don. Livingstone note ainsi que « le Ministère des Affaires étrangères lui a donné 500 £, M. Young 1000 £ et la Société de Géographie 500 £. » [18] (Proceedings, 1857-58 : 130). Avec un total de 2000 £ sur une période de sept ans, il est à noter une baisse substantielle comparée aux 6500 £ recueillies pour l’expédition aux environs du Zambèze. (The R.G.S., 1991 : 127). Ce fléchissement s’explique par plusieurs raisons. D’une part, l’explorateur est victime du désintérêt des Britanniques. Il échoue dans sa mission scientifique de découverte de la source du Nil. D’autre part, ses projets en terre africaine sont de plus en plus considérés comme économiquement inutiles.

De plus, Livingstone se retrouve au centre de vives critiques qui jettent notamment l’opprobre sur la Royal Geographical Society.

« Certains de ses biographes ont avancé l’idée que lors de sa dernière expédition l’Association lui avait accordé une subvention insuffisante, l’envoyant dans une mission impossible, puis l’abandonnant. Les faits, cependant, ne justifient pas cette interprétation. Sa subvention de 500 £ n’était pas n’était pas mesquine selon les normes de l’époque » (Proceedings, 1890 : 103) [19].

Si les moyens levés, pour les expéditions de Livingstone proviennent toujours de la Royal Geographical Society, d’un mécène et des autorités officielles, ces dernières lui apportent un soutien économique et politique modéré. En effet, les membres du Parlement créditent beaucoup plus la mission du Dr Meller auquel on octroie 800 £ par an, « … pas pour des fonctions consulaires, car il n’allait en avoir aucune à Madagascar, mais pour la recherche scientifique. » [20] (Proceedings, 1873-74 : 279). Cependant, Livingstone n’indique pas que sa manière d’explorer l’Afrique se modifie.

En 1865, l’intérêt de ses explorations suscite encore la curiosité de ses lecteurs qui se précipitent sur son deuxième livre, The Zambesi and its Tributaries, dénonçant le commerce des esclaves. En phase avec la politique de la Grande-Bretagne et les accords du Congrès de Vienne, Livingstone connaît, malgré le fléchissement de ses subventions, un deuxième succès littéraire. Il apparaît à ses lecteurs tout d’abord comme un anti-esclavagiste engagé, puis comme un détracteur des trafiquants arabes, enfin comme un acteur de la christianisation.

Il faut retenir que le financement de sa troisième série d’explorations est relativement faible. Avec le temps, les déclarations favorables à l’entreprise de Livingstone se font plus timides. Bien que la Royal Geographical Society tienne, à son habitude, des propos relativement encourageants et déclare par exemple qu’ « il n’avait pas besoin d’être persuadé de retourner en Afrique, c’était ce qu’il voulait » [21] (Cameron, 1980 : 103), les propos du ministre des Affaires étrangères alimentent la critique. En 1870, « le sous-secrétaire du Ministère des Affaires étrangères interdit [au Dr. Livingstone] toute demande d’indemnité quels que soient les services [qu’il] puisse rendre » [22] (Proceedings, 1857-58 : 267) à la nation. Le ton se durcit quatre ans plus tard avec une nouvelle annonce du ministère des Affaires étrangères signifiant à Livingstone la fin des libéralités qui lui ont été accordées jusqu’ici. L’explorateur ressent cette disposition comme « un acte très peu anglais qui ne devrait pas effleurer l’esprit du gouvernement anglais » [23] (Proceedings, 1857-58 : 273). Ces crispations s’expliquent par le contexte de polémiques autour de la source du Nil que Livingstone ne parvient pas à trouver et à la recherche de laquelle la Royal Geographical Society avait déjà envoyé en 1856 Richard Burton [1821-1890] et John Hanning Speke [1827-1864]. En définitive, une partie de la population britannique n’est pas convaincue par les entreprises de Livingstone. Il reste néanmoins que le soutien de Lord Palmerston lui est indéfectible, comme le note Livingstone lui-même :

« Lord Palmerston a envoyé M. Hayward, un conseiller de la Reine, me demander comment il pouvait me venir en aide, si désireux qu’il était de me rendre service. Le plus incroyable, c’est qu’il ne m’est jamais venu à l’esprit qu’il puisse penser à moi ou à mes enfants (…) J’avais seulement en tête mon travail en Afrique et j’ai demandé que les ports de l’Afrique orientale soient ouverts à un commerce légitime. Aucun traité n’était signé dans ce sens et je n’ai pas même pensé à demander quelque honneur ou position officielle à faire valoir auprès des Portugais » (Proceedings, 1857-58 : 279) [24].

L’essentiel pour Livingstone est dans la poursuite de son « œuvre », comme il se plaît à la qualifier. Mais, reste à savoir ce qu’il en est des autres explorateurs qui, eux aussi, ont été amenés à gérer la dimension économique de leurs expéditions.

Conclusion

On retient souvent, comme le préface Fernand Braudel dans Les Tours du monde des explorateurs, que ces derniers nous apportent « de précieux témoignages dont certains constituent déjà de véritables études ethnographiques » (Braudel, 1998 : 6). Cependant, on ignore curieusement qu’il s’agit d’un travail. Combien ont-ils perçu ou dépensé pour recueillir des récits, établir des relevés, rechercher un lac, un fleuve, une île, un territoire ? En 1855, par exemple, Livingstone ne dispose que de son salaire de missionnaire pour dresser un bilan sur le commerce des régions qu’il traverse (The Journal, 1855 : 220). De même, c’est sur ses deniers qu’il se rend dans la ville côtière de Luanda afin de remettre à la Royal Geographical Society le rapport suivant :

« Le commerce avec l’Angola a été étonnamment négligé par les Anglais ; bien que la ville de Luanda soit peuplée de 11.000 âmes, habillées principalement de textiles anglais, et que des produits bon marché de Glasgow et de Manchester circulent dans de nombreuses régions de l’intérieur, il n’y avait pas une seule maison anglaise établie dans la capitale. Cette anomalie a plusieurs explications : la plus évidente réside dans le fait que les premiers qui ont essayé de développer une activité commerciale ont accepté un paiement partiel de leur cargaison en emprunts brésiliens, à une époque où l’augmentation du nombre de nos navires a causé la ruine de nombreux établissements à la fois à Rio de Janeiro et à Luanda. De lourdes pertes furent subies, avec comme conséquence dans le monde des affaires de créer une mauvaise réputation à l’Angola. Aucune nouvelle tentative n’avait été faite depuis. Cependant, face aux mêmes charges et difficultés que les Anglais, les Américains ont établi un commerce florissant avec Luanda. Une très grande partie des produits importés sur d’autres navires sont issus de manufactures anglaises, pris en échange de produits alimentaires coloniaux, qui doivent emprunter le circuit onéreux de la route de Lisbonne, c’est-à-dire des produits dont les frais portuaires, le fret, les commissions, etc., sont payés de Luanda à Lisbonne puis à nouveau à Londres. Etant donné que les mêmes dépenses sont engagées pour les produits anglais, un marchand britannique transportant des produits directement entre l’Angleterre et Luanda, et négociant librement à Luanda, établirait très certainement un commerce lucratif. » (The Journal, 1855 : 234-35) [25].

Livingstone n’est pas davantage rémunéré pour rapporter sur l’esclavage auprès des Britanniques. Néanmoins, il produit de l’information en racontant qu’un chef de village lui fait don d’une petite esclave.

« Une nuit [Shinté] me fit quérir (…) En arrivant, il me présenta une jeune esclave âgée d’environ dix ans et m’annonça qu’il avait toujours eu l’habitude d’offrir un enfant à ses visiteurs. Tout en le remerciant, je lui exprimais ma désapprobation de retirer des enfants à leurs parents, souhaitant qu’il renonçât totalement à ces pratiques et s’occupe du commerce des bovins, de l’ivoire et de la cire d’abeille. Il m’a vite confirmé qu’elle était « une enfant porteuse d’eau » et qu’un homme important se devait d’avoir ainsi un enfant, mais je n’en avais pas. Quand je lui répondis que j’avais quatre enfants et que je serais désolé si mon chef s’emparait de ma petite fille et que je préférais que cette enfant apporte de l’eau à sa propre mère, il crut que sa taille ne me convenait pas et m’en fit venir une autre plus grande d’une tête ; après bien des explications sur l’horreur que nous inspirait l’esclavage et sur le déplaisir que Dieu devait ressentir en voyant ses enfants se vendre les uns les autres, se causant autant de douleur comme celle de la mère de cette enfant, je la refusai aussi. » (Livingstone, [1857] 2001 : 339) [26] .

Ce témoignage sur l’esclavage, rendu avant que les Sujets de Sa Majesté déclarent illégales les caravanes d’hommes et de femmes enchaînés (Naumann, 2000 : 65), importe dans la mesure où, contrairement aux autorités portugaises qui subventionnent le commerce des esclaves (Proceedings, 1873-74 : 508), les Britanniques essaient d’enrayer le fléau. L’ampleur donnée à cette question dans le pays est telle qu’une « commission d’enquête parlementaire » [27] (Proceedings, 1873-74 : 509) sur le commerce des esclaves est nommée. Mais, Livingstone ne tire pas profit de son témoignage. Il se dit seulement être fier de ses compatriotes, officiers sur les croiseurs de la marine, qui s’appliquent avec zèle et énergie à chasser les négriers et à s’attaquer au commerce des esclaves (The Journal, 1855 : 234-35).

***

Si l’on peut désormais chiffrer les montants des trois séries d’explorations de Livingstone, il reste dans la mémoire collective comme celui qui a « découvert près d’un million de miles carrés de nouveaux territoires, correspondant à un quart de la superficie de l’Europe » [28] (Proceedings, 1874 : 511). Il n’est pas connu comme l’explorateur qui s’est autofinancé avant de recevoir des subventions et qui a finalement, était discrédité, mais plutôt comme un homme de légende témoignant du commerce des esclaves. Il appartient à une société qui désavoue l’esclavage et développe la conquête coloniale de l’Afrique. D’autres travaux sur l’économie des explorations restent à écrire.

Rencontre entre Stanley et Livingstone : « Doctor Livingstone, I presume ? ».
illustration tirée de Jean-Pierre Daulizac et al., 1999. L’Histoire en Images : le XIXe siècle, Paris, Gründ, p. 401.

add_to_photos Notes

[1« Doctor Livingstone, I presume ? » (1876).

[2« At that time missions were just beginning. People did not know much about them, and some of the sagacious men of that day thought that ‘any man who could read a Bible and make a wheelbarrow was fit to be a missionary’. Mr Moffat went out when these principles were current, and his salary was the enormous sum of 25 £ a year ». (PROCEEDINGS OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1857-58 : 78).

[3« ... the furlough rules of the Indian army restricted officers during their terms of leave to the Cape ; many of them made for the country in which Livingstone was stationed on account of its salubrity ; the abundance of game also attracted them, and many sportsmen and travellers came to him for advice and aid, among whom were several Associates of the Royal Geographical Society. In this way, friendships were begun which ended only with his death, and generous aid was afforded him which first opened his way to wider views ». (PROCEEDINGS OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1873-74 : 501).

[4« [to] make them all believe together ».

[5« most generously received [Livingstone] and [the] twenty-seven companions into his house ». (THE JOURNAL OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1855 : 228).

[6« very great courtesy ». (THE JOURNAL OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, , 1855 : 229).

[7« afford the Rev. Dr. Livingstone all the assistance he may require ». (PROCEEDINGS OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1855-57 : 57).

[8« ensure the comfort of Dr. Livingstone and his safe arrival on the coast ». (PROCEEDINGS OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1855-57 : 57).

[9« no traveller had done so much for African geography as Livingstone, and he hoped that this country would not allow him to go unrewarded ». (PROCEEDINGS OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1855-57 : 92).

[10« the Society’s most favoured explorer ».

[11« ... only wished that his excellent friend [Dr. Livingstone] had been present to hear the general and repeated cheers which in December last greeted the Chancellor of the Exchequer’s proposal that a sum of money should be advanced for the purposes of a new expedition. As for the Government and the House of Commons, they had only done what it was their duty to do, and what the country demanded of them, and he hoped that 5000 £ grant would prove but the earnest and foretaste of what this nation would yet do for the cause of discovery and colonization in Africa ». (PROCEEDINGS OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1857-58 : 131).

[12« companions ». (PROCEEDINGS OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1873-74 : 320).

[13« I must express my sincere gratification at the annoucement made by the Chancellor of the Exchequer in the House of Commons, that Her Majesty’s Government has decided to give due and becoming aid to Dr. Livingstone, so that he may pursue his research in Africa, and overcome those difficulties which have hitherto prevented so many travellers from penetrating into the interior of Africa. I may also state that Government has written most explicit instructions to our minister in Portugal, to aid Dr. Livingstone by every means in his power, and to prefer a similar request to the Portuguese Government. I have only to express my hope that the Government will appoint two or three men of science to accompany Dr. Livingstone, and to assist him in developing the natural history and resources of the country ». (PROCEEDINGS OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1857-58 : 77).

[14« counselled Her Majesty to give to our friend that public appointment which will enable him to be really useful ». (PROCEEDINGS OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1857-58 : 128).

[15« to lose no opportunity of raising the position of the poor African, and of rendering him the cultivator of substances of which Britain has need ». (PROCEEDINGS OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1857-58 : 128).

[16« the great motive which has induced [them] (...) to support the entreprise of Dr. Livingstone, has been the hope that it may tend to promote the civilization and improvement of the people of Africa ». (PROCEEDINGS OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1857-58 : 130).

[17« settled anywhere. [His] position (...) was somewhat anomalous, in not being stationary ». (PROCEEDINGS OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1857-58 : 130).

[18« The Foreign Office gave 500 £, Mr. Young 1000£, the Geographical Society 500 £ ». (PROCEEDINGS OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1857-58 : 130).

[19« Some of his biographers have put forward the view that on his last expedition the Society awarded him an inadequate grant, packed him off on an impossible mission, and then abandoned him. The facts, however, do not substantiate this interpretation. His grant of 500 £ was, by the standards of the day, not ungenerous ». (PROCEEDINGS OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1890 : 103).

[20« not for consular duties, for he was to have none in Madagascar, but for scientific research ». (PROCEEDINGS OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1873-74 : 279).

[21« he didn’t have to be talked into going back to Africa, this was what he wanted ».

[22« the Under-Secretary in the Foreign Office forbids [Dr. Livingstone] having any claim, no matter what services [he] may render ». (PROCEEDINGS OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1857-58 : 267).

[23« a very un-English deed, to be laid at the door of the English Government ». (PROCEEDINGS OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1857-58 : 273).

[24« Lord Palmerston sent Mr. Hayward, a Queen’s Counsel, to ask me how he could aid me, as he was most anxious to be of service to me. Most unaccountably, it never once glanced across my mind that he meant anything for me or for my children (...) I thought of my work in Africa, and of that alone, and asked for the ports of East Africa to be opened to lawful trade. No treaty existed for that, and I did not even once think of asking for some public honour or office to show the Portuguese ». (PROCEEDINGS OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1857-58 : 279).

[25« The commerce of Angola has been remarkably neglected by the English ; for, though the city of Loanda contains a population of 11,000 souls, clothed chiefly in the produce of English looms, and though, in many parts of the interior, cheap Glasgow and Manchester goods constitute the circulating medium, there is not a single English house established at the capital. For this anomaly various reasons are assigned : the most cogent of these appears to be, that those who first attempted to develope a trade, unfortunately accepted bills on Rio Janeiro in part payment of their cargoes, at a time when the increased numbers and vigilance of our cruisers, caused the bankruptcy of many houses both in Rio and Loanda. Heavy losses were sustained, and Angola got a bad name in the mercantile world in consequence. No attempt has ever been made since. Still, with the same difficulties and burdens as the English encountered, the Americans carry on a flourishing trade with Loanda. A very large proportion of the goods imported in other ships are English manufactures, taken in exchange for colonial produce, which has gone by the expensive and circuitous route of Lisbon, i.e. produce on which the expense of port-dues, freight, commission, etc., is paid from Loanda to Lisbon, and again thence to London. As the same round of expenses is incurred on English manufactures, a British merchant carrying merchandise direct to and from England, and dealing in Loanda in a liberal spirit, would almost certainly establish a lucrative trade ». (THE JOURNAL OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1855 : 234-35).

[26« One night [Shinté] sent for me (...) When I came he presented me with a slave girl about ten years old ; he said he had always been in the habit of presenting his visitors with a child. On my thanking him, and saying that I thought it was wrong to take away children from their parents, that I wished him to give up this system altogether, and trade in cattle, ivory, and bees’ wax, he urged that she was ‘to be a child’ to bring me water, and that a great man ought to have a child for the purpose, yet I had none. As I replied that I had four children, and should be very sorry if my chief were to take my little girl and give her away, and that I would prefer this child to remain and carry water for her own mother, he thought I was dissatisfied with her size, and sent for one a head taller ; after many explanations of our abhorrence of slavery, and how displeasing it must be to God to see his children selling one another, and giving each other so much grief as this child’s mother must feel, I declined her also ». (Livingstone, [1857] 2001 : 339).

[27« select Parliamentary committee of Inquiry ». (PROCEEDINGS OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1873-74 : 509).

[28« laid open nearly one million square miles of new country, equal to one fourth the area of Europe ». (PROCEEDINGS OF THE ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETY, 1874 : 511).

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Pour citer cet article :

Corinne M. Belliard, 2010. « L’économie des explorations Livingstone ». ethnographiques.org, Numéro 21 - novembre 2010
Analyser les rassemblements au moyen de photographies ou de films [en ligne].
(https://www.ethnographiques.org/2010/Belliard - consulté le 29.03.2024)
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