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Le Prieur Johann Siegen (1886-1982)

Johann Siegen naît en 1886 à Ried, un petit village de la commune de Blatten dans le Lötschental. Après une formation classique accomplie aux lycées de Saint-Maurice, Brigue et Sion et l’obtention d’un certificat de maturité, il étudie la théologie à Innsbruck, est ordonné prêtre en 1912 et célèbre sa première messe à Blatten le 12 août de la même année. Il est nommé prieur [1] de Kippel en 1914 et exerce ce ministère jusqu’en 1974 ; il se retire alors à l’asile de vieillards de Steg où il meurt en 1982.

Soucieux du maintien de la foi catholique dans la vallée, il jouit d’une autorité morale demeurée dans les mémoires. Mais le salut des âmes ne l’empêche pas de veiller sur celui des corps ; il est l’un des fondateurs de la caisse-maladie du Lötschental ainsi que d’une assurance pour le bétail, une mesure précieuse pour les Lötschards dont la plupart vivent d’une économie d’élevage. Il se livre parallèlement à des activités de recherche dans les archives de sa paroisse, en retrace l’histoire (1964) ainsi que celle du Lötschental (1930 et 1970), recense les « coutumes », les « traditions » et les « légendes » (1947, 1958, 1959) en vue d’en assurer la préservation. Voyant dans le tourisme naissant une source de gains accessoires bienvenus pour des paysans de montagne dont beaucoup sont exposés à une pénurie de revenus, il favorise la création d’un office du tourisme et s’emploie à faire connaître la vallée, multipliant à l’intérieur et à l’extérieur les conférences illustrées de diapositives et publiant de nombreux articles dans la presse et les revues régionales telles L’Almanach valaisan (Walliser Jahrbuch) ou les Blätter aus der Walliser Geschichte, la revue de la Société d’histoire du Haut-Valais. Son « guide pour les touristes » (1923) fut réédité à maintes reprises et traduit en plusieurs langues. Sa connaissance intime des archives et des familles du Lötschental fit de lui l’interlocuteur privilégié d’ethnologues tels que Léopold Rütimeyer, Karl Meuli ou Claude Macherel dont il contribua à faire connaître les interprétations dans la vallée.

Pour lui témoigner leur reconnaissance, les quatre communes de la vallée le nommèrent « bourgeois d’honneur » et les qualités de son activité scientifique lui valurent le titre de docteur honoris causa de l’Université de Fribourg en Brisgau. Une Fondation Johann Siegen, créée en 1986, dresse un inventaire de sa correspondance, de ses publications et de ses photographies ; elle rassemble également les objets divers dont il s’est entouré.

 

Notes

[1] Le curé de Kippel porte le titre de prieur parce qu’en 1223, le baron Gerold von Turm dont la famille possédait en fief le Lötschental accorde à L’Abbaye d’Abondance en Savoie un droit de patronage sur l’église de Kippel. Jusqu’en 1956, cette paroisse de Kippel engloba les villages proches de Ferden et de Wiler, celui de Blatten ayant fondé sa propre paroisse en 1899. (Dictionnaire historique de la Suisse)

 

Bibliographie choisie

1923. Le Lötschental : guide du touriste : étude générale d’une des plus curieuses vallées alpestres. Lausanne, Editions Spes.

1930. « Die Urgeschichte des Lötschentals ». Blätter aus der Walliser Geschichte, 7 : 23-34.

1947. Le Lötschental. Une des plus curieuses vallées alpestres. Lausanne, Editions des Terreaux, collection « Les vallées perdues : Lötschental, Tourtemagne, Binn ».

1958. « Volkskunde im Pfarrarchiv von Kippel ». Blätter aus der Walliser Geschichte, 12 : 291-366.

1959. Sagen aus dem Lötschental. Lausanne, Editions des Terreaux.

1964. « Gemeinde und Priorat Niedergesteln ». Blätter aus der Walliser Geschichte, 13 : 439-495.

1970. « L’histoire du Lötschental ». Bulletin de la Murithienne, 87 : 3-10.


source : Fondation Prieur Johann Siegen, Kippel ; rédaction : Suzanne Chappaz-Wirthner

http://www.ethnographiques.org/IMG/hmtl/bio-le-prieur-siegen.html
 

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