Illustrations visuelles de modes de pratiques diversifiés reflétant des « micro-mondes » différents

D´un point de vue visuel et vestimentaire, les trois situations suivantes illustrent un rapport au corps différencié :


Capoeira des « micro-firmes »
Démonstration du groupe ABADA lors d´un baptême
Heidelberg, 06.2008
Valorisation des compétences physiques et acrobatiques
Mise en scène de la performance spectaculaire et virile


Capoeira « angola »
Stage à l´académie Jangada
Berlin, 05. 2010
Valorisation du rituel traditionnel de la roda
Mise en scène de la théâtralisation de la mandinga


Capoeira « off »
Jubilé : 5 ans de la « Freie Roda Berlin »
Berlin, 30.05.2010
Valorisation de l´échange convivial
Mise en scène des différences interindividuelles
Vidéo d´un extrait de roda

Analyse du cas de capoeira « off » :

La roda de la « freie roda Berlin » est particulière dans le sens qu´elle est « libre ». Elle n´est pas dirigée par un maître ou un professeur qui en porte la responsabilité, elle n´est pas le « fruit » d´un groupe, mais le résultat d´une volonté d´échanges ludiques entre des capoeiristes d´écoles et de styles diversifiés. Les différentes tenues vestimentaires mettent en évidence cette situation d´échange : certains individus portent leur abada blanc avec le logo de leur académie ainsi que leur ceinture (marque de leur groupe de capoeira « contemporaine »), d´autres sont en abada de couleur, sans leur ceinture, avec un T-shirt portant le logo de la « Roda Berlin » (marque de leur soutien envers la freie Roda Berlin). Quelques-uns sont en pantalon casual, tout en portant un T-shirt de leur groupe d´appartenance. D´autres encore sont vêtus en civil, ce qui ne permet pas d´identifier leur affiliation, mais dénote du caractère spontané de leur venue et de leur autonomie vestimentaire vis-à-vis de leur groupe. Cet élément semble anodin. Relevons toutefois que, dans la plupart des « mégagroupes », l´uniforme blanc, le port de la ceinture et le T-shirt avec le logo du groupe sont vivement recommandés, parfois obligatoires. Ces directives vestimentaires accompagnent parfois la fermeture de l´école sur le groupe, ce qui diminue les possibilités de jeux des élèves avec des capoeiristes d´autres écoles. Certains élèves reçoivent l´interdiction de visiter d´autres rodas, au risque de l´exclusion du groupe.

Les raisons [1] qui motivent la présence de ces capoeiristes à la Roda Berlin rendent compte d´une volonté d´ouverture aux différences de styles, d´écoles et de personnalités (l´Allemande et la Japonaise) ainsi que de partage : « c´est la camaradagem, l´échange et pas la possession, mais le partage d´expérience » (le Portugais), qui permet un « développement personnel » comme capoeiriste (le 1er Berlinois) ou dans la vie : « la capoeira a complètement changé mon chemin (mein Weg) » (le Mexicain). Vivre ce « zusammenhalten » (se serrer les coudes) (3ème Berlinois) démontre une cohésion libre, car ce n´est pas « une personne qui décide, mais c´est une communauté (Gemeinschaft). C´est beau. » (3ème Berlinois). « J´aime sentir que je suis une partie de quelque chose » (la Mexicaine). La notion de « liberté » (le Bulgare) est aussi invoquée. Si la mention de plaisir et convivialité est unanimement partagée, certains se réfèrent à des concepts plus engagés :

« Je trouve l´essence de ce que je recherche dans la capoeira : cet échange. » (1er Allemand).
« Roda Berlin, c´est vraiment un grand truc dans les fondements » (le Portugais)

Ainsi, au-delà de l´aspect social et divertissant, le troisième thème, qui a émergé, met en avant leur satisfaction à venir échanger de la « bonne énergie », « qui coule » (l´Allemand) et à « prendre de l´axé » (l´Irlandais). Certains sont toujours là (l´Israélien), ainsi que les organisateurs qui ont la clef, permettant d´ouvrir l´espace (2e Berlinois), d´autres viennent plus occasionnellement, bien que, « dans l´esprit » (le Portugais), ils soient toujours présents. La Mexicaine, grâce à l´information qu´elle a pu obtenir par Internet, et l´Anglais participaient à leur 1ère Roda Berlin.

Le « micro-monde », qui s´est construit au sein de la Roda Berlin, est un cas exemplaire d´interculturation dynamique (cf. le schéma G.O.L.), qui réunit les caractéristiques égalitaristes et cosmopolites des habitants de Berlin (le Local - Global) avec les éléments ludico-sportifs (Spass et Bewegung) et « essentiels » (l´Axé) de la capoeira (l´Origine).

[1] Un entretien collectif a été conduit au terme de la roda qui fêtait le 5ème anniversaire de la création de cette initiative, en juin 2010. Le focus group a réuni 14 participants, dont 4 femmes : 6 Allemands dont 3 Berlinois, 2 Mexicains, 1 Israélien, 1 Japonaise, 1 Anglais, 1 Irlandais, 1 Portugais et 1 Bulgare. Le principe du focus group effectué avec les participants, adeptes de la Roda Berlin, ne permet évidemment pas d´avoir les voix critiques, qui ne manquent pas, au dire des organisateurs, sur cette initiative parfois qualifiée d´« anarchique ».

http://www.ethnographiques.org/IMG/html/annexe7-illustrations visuelles.html
 

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