Né à Saint-Gall en 1914, Arnold Niederer passe son enfance à Belp dans le canton de Berne. Après avoir terminé sa scolarité obligatoire, il effectue un apprentissage de marchand d’articles de tabac à Lausanne et y parfait sa connaissance du français, ce qui lui permet de parcourir le Valais au double titre de colporteur en articles de tabac et de professeur de français itinérant. Ses pérégrinations le conduisent dans le Lötschental ; il y fait la connaissance du peintre Albert Nyfeler dont il devient le secrétaire. Ayant repris le chemin des études, il obtient un certificat de maturité et étudie la romanistique, la Volkskunde et la sociologie à l’Université de Zurich. En 1956, il y soutient une thèse portant sur le système de travail communautaire en Valais (1956) puis dirige pendant quelques années le département des langues étrangères à l’Ecole professionnelle des arts et métiers de Zurich. En 1964 il est appelé à succéder à Richard Weiss, son directeur de thèse, titulaire de la chaire de Volkskunde à l’Université de Zurich. Jusqu’en 1980, il y dispense ses cours et dirige le département de Volkskunde.
C’est à Arnold Niederer que la Volkskunde helvétique doit de s’être ouverte à la critique épistémologique à laquelle les chercheurs allemands de la jeune génération, tels Hermann Bausinger, soumirent leur discipline dans les années 1960 pour dissiper l’ombre que fit planer sur elle l’usage national-socialiste des concepts « peuple », « tradition », « coutume », « survivance », forgés par l’ancienne Volkskunde (1983). C’est ainsi que Niederer intégra dans ses recherches les apports méthodologiques et épistémologiques de l’histoire et de la sociologie (1974), mettant l’accent sur le changement social et culturel (1969) et le processus d’innovation (1993), dans une perspective comparatiste et interdisciplinaire qui le conduisit à décloisonner les traditions intellectuelles nationales (1987) et à substituer le nom d’ethnologie européenne à celui de Volkskunde. Ancrées dans un premier temps dans l’espace alpin, ses recherches s’étendirent aux économies pastorales (Hirtenkultur) de Corse, Sardaigne, Portugal, Espagne et Slovénie, où il multiplia les voyages et les exercices de terrain avec ses étudiants. Il est à l’origine de la création du Musée du Lötschental à Kippel et organisa avec ses étudiants de nombreuses expositions visant à faire connaître aux habitants de la vallée une approche de leurs pratiques restituant à l’analyse le rôle de l’histoire et du contexte socio-économique. Son engagement dans la vie de la cité l’amena à élargir aussi sa perspective thématique et à s’intéresser à des questions cruciales telles la contestation estudiantine, la situation des paysans-ouvriers et des travailleurs migrants en Suisse, la redéfinition des identités communales et régionales dans le cadre des politiques fédérales d’aménagement du territoire (1981), le statut des « sous-cultures » et de la « culture de masse ».
La Fondation Arnold Niederer, créée en 1999, met à la disposition des chercheurs, en échange d’un loyer modique, la maison du 16e siècle qu’il acquit à Ferden en 1953 : « la maison de l’oiseau » (Ds Vogelhuis) rebaptisée Maison Arnold Niederer.
1956. « Gemeinwerk im Wallis. Bäuerliche Gemeinschaftsarbeit in Vergangenheit und Gegenwart ». Schriften der Schweizerischen Gesellschaft für Volkskunde 37, Basel, Schweizerische Gesellschaft für Volkskunde.
1969. « Überlieferung im Wandel. Zur Wirksamkeit älterer Grundverhaltensmuster bei der Industrialisierung eines Berggebiets ». Alpes orientales V, Ljubljana : 289-294.
1974. « Alpine Folk Culture ». Encyclopaedia Britannica, 15th edition, vol. I : 627-631.
1974. « Volkskunde und Ethnologie zwischen Geschichts-und Sozialwissenschaftten ». Jahresbericht der Schweizerischen Geisteswissenschaftlichen Gesellschaft, Berne, Schweizerische Geisteswissenschaftliche Gesellschaft : 307-311.
1981. « Formen interkomunaler Kommunikation und Kooperation », in Michel Bassand (éd), L’identité régionale. Regionale Identität, Saint-Saphorin, Georgi : 273-297.
1983. « Le folklore manipulé ». Archives suisses des traditions populaires, 79, 3/3 : 175-186.
1986. « Wem Gehört das Matterhorn ? Gemeindeindividualismus – ein schweizerisches Unikum », in Utz Jeggle et al. (Hg), Volkskultur in der Moderne. Probleme und Perspectiven Empirischer Kulturforschung, Reinbek b. Hamburg, Rowohlt : 442-459.
1987. « Tendances de la recherche folklorique dans les pays de langue allemande », in Isac Chiva et Utz Jeggle (éds), Ethnologies en miroir. La France et les pays de langue allemande. Paris, Editions de la Maison des sciences de l’homme : 201-221.
1993. Alpine Alltagskultur zwischen Beharrung und Wandel. Ausgewählte Arbeiten aus den Jahren 1956-1991. Herausgegeben von Klaus Anderegg und Werner Bätzing, Bern, Stuttgart, Wien, P. Haupt.