Numéro à venir
Ethnographier les institutions totales
La typologie goffmanienne des institutions totales définit ces dernières par un certain nombre de caractéristiques et de pratiques communes, au titre desquelles une frontière qui sépare l’intérieur de l’extérieur, une vie en communauté régie par des règles strictes, la promiscuité, la prise en charge des besoins et l’assignation aux individus qui y vivent d’un statut défini par l’institution, au détriment de leur identité propre.
Or, on assiste aujourd’hui, au sein des institutions d’enfermement, à un certain nombre de changements : un mouvement amorcé de désenclavement au cours des dernières années, la multiplication des moyens de communication et une plus grande implication, voire participation, des individus pris en charge par les institutions totales à la définition des modalités de leur parcours.
Les contributions de ce numéro proposeront une lecture renouvelée du concept d’institution totale, au regard des mutations qu’a connues la société occidentale dans les dernières décennies, notamment dans le domaine juridique, de plus en plus protecteur des droits de la personne. Il convient en effet de revenir à la définition première du concept, d’en faire l’examen, d’interroger sa pertinence, sa vitalité et l’ampleur de ses évolutions en le mettant à l’épreuve des réalités empiriques.
Dossier coordonné par Audrey Higelin (Sophiapol, Université Paris Nanterre) et Laurent Amiotte-Suchet (Haute école de santé Vaud, Lausanne).