Albert Nyfeler (1883-1969)
Albert Nyfeler se définit comme artiste-peintre. L'artiste possède des ouvrages théoriques sur l'art et il s'intéresse aux mouvements artistiques de son époque. Il choisit toutefois d'explorer une autre voie. En effet, de ses débuts jusqu'à la fin de sa vie, son œuvre porte la marque du réalisme apparu autour de 1850. Sa palette chromatique atteste d'une certaine tendance expressionniste. Ses tableaux témoignent du quotidien des habitants de la vallée du Lötschental et du paysage montagneux qui les entoure. Nyfeler retranscrit ce qu'il perçoit avec réalisme, sans interprétation personnelle, laissant la primauté aux sujets de ses tableaux.
Décrit comme un homme simple et sociable, Nyfeler s'engage avec ferveur pour le Lötschental. Il lui tient à cœur de faire connaître la vallée hors du canton et d'y promouvoir le tourisme. L'artiste participe de plusieurs façons à la vie du lieu : il peint des coulisses de théâtre, des masques de carnaval, des croix funéraires et il joue aux cartes avec les hommes du village. Dans ses photographies, ses dessins, ses huiles ou ses esquisses, il représente avec finesse la population locale attelée aux travaux du quotidien. Nyfeler exécute de nombreux portraits d'hommes, de femmes et d'enfants. Il ne s'agit pas, toutefois, d'œuvres de commande, mais de la représentation, par l'artiste, de types ruraux. En passant, il met de côté les objets de la vie locale échangés avec les habitants. Bien qu'il n'y porte pas un intérêt marqué, l'artiste connaît leur valeur et les conserve. Ils constituent la base de la collection du Musée du Lötschental.
Le thème du Lötschental constitue la base de l'œuvre d'Albert Nyfeler. Dans un entretien, Rea Wüthrich-Nyfeler, fille de l'artiste, souligne que son père s'est installé en Valais en raison de son attirance pour les paysages du Lötschental.
Il est fasciné et captivé par les montagnes de la vallée. L'austérité et l'intensité des couleurs de la nature environnante l'inspirent. Il y consacre la plus grande partie de sa création artistique. Muni de son chevalet, il fait de longues randonnées dans les montagnes du Lötschental, y compris en hiver, sans cesse en quête de nouveaux effets de lumière.
Pour le spectateur d'hier comme d'aujourd'hui, la signification des tableaux d'Albert Nyfeler s'impose d'emblée. Après quelques années précaires durant lesquelles l'artiste travaille comme assistant, Nyfeler accède au statut d'artiste-peintre. Il parvient, dès lors, à vivre de son art. Les gens qui partagent sa passion pour les alpes achètent ses œuvres. Entre 1920 et 1940, l'attrait des citadins pour les paysages alpins et les traditions rurales contribue à son succès. Nyfeler vend ses œuvres surtout dans des expositions en Suisse alémanique. Ses peintures sont estimées pour leur élaboration minutieuse et le choix judicieux de leurs sujets. Son aisance financière lui permet de faire construire sa maison familiale. Il n'est pas rare qu'il donne de son argent aux indigènes. Ce n'est qu'à partir des années 60, d'ailleurs, que ces derniers auront les moyens d'appartenir à sa clientèle.
Bibliographie
BELLWALD Werner, 1994. Albert Nyfeler : Maler und Fotograf 1883-1969 . Naters, Gedenkausstellung zum 25. Todesjahr.
ANTONIETTI Thomas und Werner Bellwald, 2002. « Sammler und Museen » und « Maler, Zeichner, Fotograf –und Sammler : Albert Nyfeler », in Vom Ding zum Mensch, Baden, hier+jetzt : 48-88 und 70-76.
NIEDERER Arnold, 1983. Albert Nyfeler 1883-1969 . Bern, Schweizerisches Alpines Museum.
